First prototype is out! Or, how to be fierce without really trying.
Le premier prototype est là! Ou comment devenir audacieuse sans trop d'effort.
🇺🇸 This is a bilingual newsletter, scroll down for English.
🇫🇷 Hello Scarlet,
Je suis tellement, tellement heureuse de te présenter le premier prototype !
C’est un blazer à double boutonnage. Il est en 100% laine rouge avec une doublure rose à l’intérieur. Il a des poches — y compris une poche de poitrine — assez profondes pour s’en servir. Il est assez long pour couvrir nos postérieurs et je l’adore ! Il est aussi assorti à un pantalon, mais il lui faut encore beaucoup de travail alors il te faudra attendre un peu !
⚠️ Ceci n’est qu’un prototype et pas un produit fini. Il a donc quelques défauts. Cela dit, laisse un commentaire pour me dire ce qui te plait, te déplait et quels changements tu voudrais voir :)
Cette pièce tient son nom d’Alexandria Ocasio-Cortez, la muse qui m’a poussé à créer Scarlet Empyre. Avant elle, j’ai passé des années à rêvasser à ce que je ferais si j’avais ma propre marque. J’utiliserais la laine comme matière principale. Je créerais une chaîne d’approvisionnement la plus courte possible pour limiter son impact. Elle serait colorée, fun et inclusive. Je ne la décrirais jamais comme “intemporelle”… J’avais des idées que je pensais utiliser dans 10 ans, après avoir eu une longue carrière dans la mode et avoir maitrisé tous les aspects du métier.
Puis j’ai regardé Knock Down the House sur Netflix. C’est un documentaire sur des femmes américaines qui ont participé aux élections législatives avec seulement des financements du public. J’avais entendu parler d’Alexandria avant ça, mais je ne connaissais pas les circonstances de sa victoire : une jeune femme, fille de parents immigrés, qui garde son travail de serveuse dans un bar tout en se présentant aux élections pour le congrès et qui gagne à 64% des voix après que le candidat sortant n’accepte même pas de débattre avec elle.
C’est à ce moment là que j’ai réalisé pourquoi je voulais créer ma propre marque. Pour des femmes comme elle. Comme moi. Parce que le seul moyen d’être représentées est de nous représenter nous-mêmes. C’est valable en politique, c’est valable dans les affaires et c’est valable dans la mode.
Le seul moyen d’être représentée est de nous représenter nous-mêmes.
Peut-être que tu ne partages pas ce sentiment. Ce n’est pas grave. Ça veut probablement dire que tu ne te sens pas affecté.e par le manque de représentation des minorités. Mais si tu fais partie d’une minorité, tu remarques sûrement le manque de diversité dans tous les espaces que tu occupes. Compter le nombre de personnes racisées (ou “issues de la diversité”) dans la pièce est une seconde nature. Est-ce que j’ai ma place ici ?
Je me rappelle de mon premier jour dans l’une des boîtes où j’ai travaillé. Un RH nous présentait l’entreprise en mettant en avant comme valeur l’équité à tous les niveaux, jusqu’au conseil d’administration où 50% des membres sont des femmes. Je trouvais ça génial. Cela dit, tous les membres du conseil étaient blanc.he.s (ou caucasien.ne.s, non-racisé.e.s). Pendant tout le temps où j’ai travaillé là-bas, je n’ai jamais rencontré un.e manager ni un.e directeur.rice qui ne répondait pas à ce critère. C’était le cas dans toutes les entreprises et ONG où j’ai travaillé en France.
Tu vois le plafond de verre dont on dit qu’il empêche le progrès des femmes ? Si tu es une femme racisée, il y a aussi un mur en béton armé de l’autre côté. Ça me rend claustrophobe rien que d’y penser.
Ce manque d’inclusion rend difficile de se projeter dans des postes à responsabilité ou des lieux de pouvoir. Il faut de l’imagination, de la détermination et beaucoup d’audace pour viser un poste qu’aucune personne qui nous ressemble n’a occupé auparavant. Si tu doutes de pouvoir y arriver, on te dira qu’il faut seulement prendre confiance en toi. Mais ce n’est pas vrai. Avoir confiance en soi c’est toujours mieux, mais ça ne change pas le fait que les institutions sont faites pour garder les mêmes élites au pouvoir tandis qu’on les regarde faire. Ce dont on a vraiment besoin c’est de modèles de réussite plus divers, et de politiques d’inclusions qui permettent à tous d’y arriver. En attendant, on fait semblant de rien et on avance.
Quand je travaillais au Kenya, ma manager était une femme géniale, elle cumulait les identités Kenyane, Somalienne, musulmane et hijabi. Elle était féminine et même “girly”, d’une manière que peu de femmes le sont au bureau. Elle souriait tout le temps. Elle était chaleureuse, bienveillante et protectrice envers son équipe. Le lundi matin, elle commençait la journée en nous montrant les selfies du week-end et au déjeuner on parlait des meilleurs endroits où faire faire une robe sur mesure. Mais elle était aussi le genre de personne qui savait montrer son autorité sans élever la voix ni lancer un mauvais regard. Elle n’avait aucun problème à tenir tête au directeur pour refuser des projets qui nous mettraient en burn out, et en même temps, elle négociait les plus gros projets et budgets avec nos bailleurs. Et surtout, alors que les autres managers se détestaient et se disputaient ouvertement, elle était respectée et appréciée de tous.
Sa manière d’être féminine était assertive, sans détours, audacieuse et imposait le respect. C’est quelque chose que j’apprécie profondément en elle, en AOC et chez la plupart des femmes que j’admire. Et c’est une combinaison de qualités que j’avais envie de représenter dans ce vêtement.
On pense souvent que pour que les femmes réussissent, il faut qu’elles adoptent des traits plus “masculins”. Certaines femmes se montrent inutilement agressives, compétitives ou dures envers les autres. Certaines femmes évitent de porter des couleurs ou du maquillage pour éviter de paraître trop “féminines” ou “girly”. Certaines femmes portent des vêtements amples et “masculins” pour ne pas recevoir d’avances de la part de leurs collègues hommes.
Pour les personnes racisées, il faut cocher quelques cases en plus. Se montrer compétent.e impose de maîtriser ses cheveux, le bon accent et de faire en sorte que les autres ne se sentent pas menacé.e.s par notre existence même. Si tu penses que j’exagère, une de mes profs m’a un jour crié dessus que je ne pourrais jamais lui enlever sa liberté de penser. J’avais corrigé son usage de l’expression “intégristes musulmans” ; si on passe 15 minutes à définir la couleur noir, on peut sans doute réfléchir 2 secondes à des termes politiquement chargés. Je n’ai jamais précisé que j’étais musulmane, mais je suis visiblement Maghrébine et ça lui a fait peur. Quand tu vois la peur dans les yeux des autres lors d’un échange aussi banal, tu te poses beaucoup de questions sur la manière dont les autres te perçoivent.
C’est pour ça que je voulais que cette première pièce projette à l’extérieur ce que je veux ressentir à l’intérieur : pouvoir être moi-même sans m’en excuser, être audacieuse, visible, feminine, affirmée et impossible à ignorer. Je voulais aussi que cette pièce soit versatile. Sa coupe classique la rend parfaite pour le travail, tandis que le grand col italien, les poches arquées et la doublure rose lui donnent un côté plus edgy pour des moments plus funs.
“C’est pas un peu trop demander à un blazer ?” me demandes-tu. Non. Être audacieuse, visible, féminine, assertive demande de la pratique. Ce blazer rouge écarlate n’est qu’une manière de le montrer ! Et si tu ne partages pas ma passion pour le rouge, il sera également disponible en noir et une poignée d’autres couleurs.
“Mais c’est pas un peu trop demander des femme ?” Non. Être audacieuse, visible, féminine, assertive, c’est la manière dont j’ai envie d’être présente dans ce monde. A toi de choisir qui tu veux être, sans t’en excuser. C’est déjà ça l’audace ! Je te demande seulement de te souvenir que tu n’es pas seule dans ce que tu traverses.
Avec imagination, détermination and audace 🔥
Soumïa
Scarlet celebration: Monique Rodriguez
C’est l’été et tu devrais te faire du bien ! Pour moi, ça inclut de célébrer les femmes qui traversent des murs en béton armé. Pas de Buffy cette semaine, même si le final de la saison 1 est bien dans le thème de la féminité audacieuse, forte et affirmée.
Cette année, Monique Rodriguez, fondatrice de Mielle Organics Haircare, a levé 100 millions de dollars en pour déployer l’entreprise à l’international, tout en restant black-owned.
C’est important car aux Etats-unis, les femmes racisées reçoivent moins de 0.5% du capital disponible en fond d’investissement. En France, si ce genre de statistiques ne sont pas disponibles, la situation est visiblement la même. Pense un moment à n’importe quelle start-up Française, puis essaye de compter le nombre de personnes racisées à sa tête. Ou écoute un podcast sur l’entrepreneuriat, la mode, la beauté, l’art, la finance, la tech… combien de personnes racisées figurent parmi les invités ? Trop peu.
Monique Rodriguez a fait grandir son entreprise d’une simple page instagram dédiée au soin des cheveux afro-texturés pour devenir l’une des leaders du marché aux Etats-unis. Dans son interview avec Claire Sulmers, elle parle de son ambition d’ouvrir la voie aux autres en étant un exemple de succès pour les fonds d’investissement. Bien sûr, ça implique qu’elle n’a pas le droit à l’erreur, puisqu’échouer aurait des conséquences pour elles mais aussi pour les autres entrepreneurs noirs en quête de financement. Mais c’est une conversation pour une autre fois.
Et toi, qui et qu’est ce que tu célèbres cet été ? Dis-le moi dans les commentaires !
🇺🇸 Hey Scarlets,
I am so, so excited to share this first prototype with you!
It’s a blazer. It’s red on the outside and pink on the inside. It’s 100% wool. It’s double breasted. It’s got pockets you can use. It’s long enough to cover your booty and I love it. Also, it comes with matching pants… but they need a lot more work, so you’ll have to wait to see them.
⚠️ This is a prototype, not a finished product, so it’s got issues. That said, drop a line in the comments to let me know what you think. Do you like it? Do you hate it? How many flaws have you spotted?
I decided to name this piece after Alexandria Ocasio-Cortez. She is the original muse behind Scarlet Empyre. For years, I had been collecting ideas about what I would do if I had my own brand. I would use wool as the main material. I would make it colorful and fun. I would try to create the shortest supply chain possible to limit its impact. I would definitely want it to be inclusive. And I would never use the word timeless to describe it. I had ideas that I thought I would use in 10 years, after I’d had a successful career in fashion and learned all the ropes.
And then I watched Knock Down the House. It's a documentary about American women who ran for Congress through grassroots campaigns. I'd heard of Alexandria Ocasio-Cortez before, but I didn’t know about the circumstances of her win: coming from a working class family of immigrants, bartending while running for congress, and winning with 64% of the votes after the incumbent didn’t even bother to debate with her.
That’s when I realized why I wanted to create my own brand. It was for women like her. Like me. Because the only way to be represented is to represent ourselves. It’s true in politics, it’s true in business and it’s true in fashion.
The only way to be represented is to represent ourselves.
Maybe you disagree with that statement. That’s okay. It probably means that you don't feel affected by the lack of representation of minorities. But if you are part of a minority, you likely tend to notice the lack of diversity in every space you walk in. Counting the people of color in the room is a matter of habit. How am I gonna fit in here?
My very first day in my last job, an HR person introduced the company to the new recruits. They highlighted its commitment to equity at every level, up to the board, split 50/50 between men and women. That’s great, and I wish more companies that size had a board as inclusive of women. However, every single member of the board was white. Throughout my entire time there, I have never met a manager or heard of a director (I checked the company directory religiously) who was not white.
You know that glass ceiling we keep saying holds back women? If you’re a racialized woman, there’s also a reinforced concrete wall on the other side. It feels claustrophobic even talking about it.
This lack of inclusion in spaces of power gives you limited opportunities to project yourself there. It takes some imagination, some determination and some guts to pursue a position that no one like you has held before. And if you doubt that you can do it, you may be told that all you need is more self-confidence. Well, not really. Self-confidence sure helps, but I’ve said it before and I’ll say it again: no amount of self-confidence is gonna change the fact that institutions are designed to keep the same people in places of power, and everyone else looking up. What we really need are more role models, and policies that give racialized people a fighting chance to make it up top.
But that’s enough about politics (for now!), let’s get back to the prototype.
When I worked in Kenya, my manager was an amazing Somali-Kenyan Muslim hijabi woman. She was feminine, even “girly”, in ways that most female managers don’t want to be in the office. She smiled all the time. She was always warm, kind and protective of her teams. On Monday morning she would show us the silly selfies she took with her daughter over the weekend. And at lunch, we’d talk about the best place to design a custom dress or the next designer handbag she was gonna buy. But she was also the kind of person who could show authority without raising her voice or giving a stern look. She had no problem taking on the director and his boss to refuse projects that would burn us out. And while the other managers openly hated and fought with each other, they all loved and respected her.
Her type of femininity was assertive, no-nonsense, fierce and commanding respect. It's something I deeply appreciate in her, in AOC and in most women I admire. And it’s a combination that I wanted to capture in this first item.
We’re often told that if we want to succeed, we have to adopt “masculine” traits both internally and externally. Some women are needlessly aggresive, competitive or mean. Some women stay away from colorful clothes or makeup to avoid seeming “girly”. Some women wear baggy, “masculine” clothes to avoid unwanted advances from their male colleagues.
For racialized women, we have to take it up a notch. The effort to look competent extends to our hair, our accents and our ability to make people not feel threatened by our very existence. If you think I’m exaggerating, I once had a teacher yell at me that I couldn’t take away her freedom after I corrected her misuse of the phrase “muslim extremist”. I didn't say I was Muslim, but I look North African and that scared her. Seeing fear in people’s eyes as you’re having a conversation with them really makes you question how you present yourself to others.
To be clear, I’m not saying you should try to be more feminine. I’m saying it’s better for you to learn to assert yourself in any space than to shrink and hide who you really are to accomodate others.
That’s why I wanted this first piece to project on the outside the way I want to feel on the inside: unapologetically bold, loud, feminine, assertive and impossible to overlook. I also wanted this piece to be versatile. It’s classic enough to wear at work and make an impression; and edgy enough to wear out for fun and make a statement.
"Is that too much to expect from a blazer?" you ask. No. Being bold, loud, feminine and assertive takes practice. This scarlet red blazer is only one way to show it! And for those of you who don’t love red with the same passion I do, it will also be available in black and a handful of other colors.
"But isn't it too much to expect from women?" No. This is how I want to be in the world. You get to be whoever you want, without apologies. That’s bold in and of itself. I only ask that you remember that you are not alone to deal with this bullshit.
With imagination, determination and guts 🔥
Soumïa
Scarlet celebration: Monique Rodriguez
It’s summer and you should be having fun! For me, that includes celebrating women who drill through concrete walls. No Buffy recommendation this week, although the season 1 finale really speaks to the theme of fierce femininity.
This year, Monique Rodriguez, founder of Mielle Organics haircare, secured a 100 million dollars investment to expand her company globally while staying black-owned.
This matters because racialized women receive less than 0.5% of venture capital investment in the US. In France, even though statistics based on race, origin or religion are illegal, the situation is the same. There’s no official data to back it up, but the lack of diversity in the entrepreneurial world is glaring. Just think for a moment of any French startup that comes to mind and see how many non-white leaders there are. Or listen to a podcast about entrepreneurship and try to find the non-white guests. I have. They’re few and far in between.
Monique Rodriguez grew her business from black haircare tutorials on instagram to now be one of the leading brands for textured hair. In her interview with Claire Sulmers, she talks about paving the way for more black women to get funded by being an example of success that VC firms refer to. Of course, it puts that extra pressure on her to succeed because failing would have consequences not only for her, but for other black-owned businesses as well. But that’s a conversation for another time.
What and who are you celebrating this summer? Let me know in the comments!
Quelle joie ! Je suis impressionnée Soumïa, merci de nous faire voir la mode et le monde en couleurs !
Un immense bravo, je suis ton aventure depuis toutes ces années, et bravo pour ce nouvel accomplissement !!! Et sans plus attendre : mais cette pièce est magnifique ! J’adore, et je suis une grande fan de blazers !
Blandine (la même qu’au lycée, oui ;))