Scarlet Letter #2 — What the abortion and hijab bans have in common
Ce que l'interdiction d'avorter et du burkini ont en commun
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Hello Scarlets,
Les dernières semaines ont été brutales, non ?
A chaque fois que je pense à l’état du monde, j’ai besoin de m’allonger 30 minutes. Donc je comprends si tu préfères scroller jusqu’aux parties plus funs (pardon pour l’anglicisme !).
La semaine dernière, les Américaines ont perdu leur droit constitutionnel à l’avortement. Cela permet à plus de 20 états d’enquêter, de criminaliser et de sanctionner les femmes qui choisissent d’avorter, mais aussi celles qui font une fausse couche ou mettent au monde un mort-né.
En France, à une échelle plus petite, mais non moins importante, la ville de Grenoble a été sanctionnée pour avoir autorisé les femmes musulmanes à porter un burkini à la piscine municipale. Non seulement la décision du maire a été annulée, mais la région a aussi mis fin aux subventions de la ville, histoire de montrer ce qui arrive à quiconque ose inclure les femmes musulmanes dans la vie publique.
Des deux côtés de l’atlantique, des hommes blancs (pour la majorité) persistent à croire qu’ils sont les mieux placés pour décider à la place des femmes comment disposer de leurs corps. Le message sous-jacent, s’il t’a échappé, est le suivant : nous, les femmes, ne sommes pas compétentes pour prendre des décisions éclairées, informées, raisonnées à notre propre sujet. Nous ne sommes pas capables de comprendre comment ces choix nous impactent, ni comment ils offenseront les gens autour. Par conséquent, on ne mérite pas le droit de faire ces choix.
Nous sommes incompétentes. Nous sommes incapables. Nous sommes indignes.
Est-ce qu’on doit s’étonner alors que les femmes, et particulièrement les femmes racisées, occupent si peu de place dans les sphères de pouvoir et d’influence ?
Je ne crois pas.
Ces interdictions sont conçues pour nous faire comprendre que nous n’avons pas le droit, ne sommes pas légitimes et n’avons aucun pouvoir d’agir sur nous-mêmes… et encore moins sur le reste du monde.
Ma mission avec Scarlet Empyre a toujours été évidente pour moi. Je veux réduire les iniquités pour faire en sorte que les femmes, et particulièrement les femmes racisée, soient visiblement accomplies. L’emphase est sur visiblement. Parce que je crois que les femmes racisées aussi sont dignes d’être vues, d’être entendues, d’être elles-mêmes en toute intégrité, de réaliser leur potentiel et de le faire sans avoir à s’en excuser.
Depuis que j’ai commencé, on m’a beaucoup dit de faire attention : de ne pas paraître trop en colère, trop amère, trop revancharde. Comme si dire “bonjour, nous aussi on existe, nous aussi on veut être vu et entendu” était déjà une transgression. Sans parlé du manque d’élégance que ça implique. S’il te faut autant d’effort pour qu’on fasse attention à toi, est ce que tu le mérites vraiment ?
On m’a aussi dit de ne pas trop parler de pouvoir parce que c’est trop ambivalent. Et je comprends. Après tout, le pouvoir c’est ce qui donne le droit à une bande de conservateurs zélés de forcer les femmes à supporter une grossesse ou à se dévêtir en public. Donc on m’a dit d’être plus universelle, de parler de comment toutes les femmes peuvent gagner en confiance en elles ou devenir plus audacieuses pour qu’elles puissent enfin accéder à des lieux de pouvoir. Et j’adore ça. Sauf que même en ayant plus de confiance en soi que Buffy après avoir évité l’apocalypse pour la 475ème fois, même en ayant plus d’audace qu’une gamine de 8 ans dans Shark Tank, les institutions sont conçues pour nous maintenir à terre, silencieuses et invisibles.
Donc je suis en colère. Je suis amère. Et je suis revancharde.
Ma mère dit toujours, “si on veut changer les choses il faut prendre de la place. Il faut qu’on soit partout.” Alors comme l’eau s’infiltre dans la roche, trouve chaque faille, chaque fissure, chaque trou d’air qui te permettra d’avancer et de faire avancer les autres avec toi.
Moi, je passe par la mode. L’époque de la mode apolitique est passée, incinérée et ses cendres jetées à la mer. Aussi longtemps que les corps des femmes seront politisés, la mode se doit d’être politique. Alors c’est ce que je vais faire.
Cela dit, ça ne veut pas dire que toutes mes newsletters auront ce ton là. Après tout, je t’ai promis 60% de fun.
Feu, prêt, défilez ! 🔥
Avec rage,
Soumïa
Faire face quand t’es fatiguée, incertaine et vénère
Le monde part en freestyle et t’as besoin d’une pause. Voilà ce qui me soulage en ce moment.
📺 Est ce que tu te demandes quel épisode de Buffy te fera du bien ? Regarde Checkpoint (5x12). Quand une démon invincible, Gloria, menace de tuer sa soeur, Buffy se tourne vers le Conseil des Observateurs. Mais au lieu de l’aider, ils décident de mettre Buffy à l’épreuve et remettent en question ses compétences, ses choix et ses méthodes. Ça te rappelle quelque chose ? Pour faire court, tu adoreras le passage où Buffy comprend qu’elle a quelque chose qu’elle seule peut leur donner : une raison d’être, puis leur explique que c’est elle qui définit les règles du jeu. Si ça ne t’inspire pas à te relever, il y’a toujours l’option 2.
📕 The Gilded Ones, de Namina Forna est l’histoire fantastique et féministe d’une jeune femme qui prend conscience de son pouvoir. Deka, 16 ans, est jugée impure car son sang n’est pas rouge, mais or. Elle est tuée puis enfermée dans le temple, où des moines récoltent son sang. Puis elle revient à la vie, avant d’être tuée puis drainée neuf fois de plus jusqu’à ce qu’une femme mystérieuse intervienne. Elle propose à Deka de rester dans son village jusqu’à ce que les moines découvrent comment la tuer une fois pour toute, ou de se joindre au combat pour défendre l’empire. Dans la suite de l’histoire, Deka découvre qu’il existe beaucoup d’autres femmes comme elles et qu’elles ne sont pas impures mais immensément puissantes… donc craintes, chassées et tuées. Je ne sais pas encore comment ça finit, mais je vais dévorer chaque ligne de ce roman. Par contre, il contient pas mal de scènes de violences et de violences sexuelles. Donc s’il te faut un remontant plus léger, il y’a toujours l’option 3.
🎵 Doubt, de Mary J. Blige est l’ultime musique à écouter pour reprendre des forces. Douter de toi-même est non seulement une perte de temps, c’est aussi le travail des autres. Si tu veux douter de quelque chose, doute que tu ne réussiras jamais, ou que tu dois viser plus bas. 🎶 I can’t keep doubting myself anymoooooooore… 🎶 Elle se marie très bien avec Flawless, de Beyoncé.
Dis-moi ce qui t’aide à garder la tête hors de l’eau en ce moment.
Scarlet Celebration
Le 29 juin 2022, Aminata Touré est devenue la première femme noire nommée ministre au sein du gouvernement allemand. Elle a d’abord été élue députée au parlement de la région Schleswig-Holstein en 2017, à seulement 24 ans, avant de devenir vice-présidente de ce même parlement deux ans plus tard. La semaine dernière, elle a été nommée Ministre des affaires sociales, de la jeunesse, de la famille, des seniors, de l’intégration et de l’égalité.
J’adore que cette femme revendique à la fois ses origines africaines et son appartenance à l’Allemagne. Quand on est issus des diasporas (nord-)africaines ou asiatiques, on nous demande trop souvent de choisir, comme si être fier de ses origines revenait à trahir le pays où on est né, et vice versa. Si on y ajoute le fait qu’elle appartient au parti écologique et qu’elle défend une vision de la société où on n’a pas besoin de travailler deux fois plus pour compenser nos différences… je suis prête à mettre un genoux à terre. Aminata, veux-tu devenir mon mentor?
Je ne suis pas fan des injonctions, mais vous devriez vraiment suivre son parcours. Aminata représente le changement qu’on veut voir : une société où le corps étatique ressemble davantage à ses électeurs, et moins aux personnages d’une peinture de la renaissance. Longue vie à Aminata, et qu’elle inspire beaucoup d’autres jeunes femmes et hommes sous-représentés à atteindre les sphères du pouvoir. Ameen.
Et toi, qui te donne de l’espoir malgré tout ?
Hello Scarlets,
The past few weeks have been brutal haven’t they?
Anytime I think about what’s going on in the world right now, I feel like I need to lie down for 30 minutes. So I understand if you wanna skip ahead to the fun part.
Last week, women in the US lost their constitutional right to abortion, putting women in 16 states at risk of being investigated, criminalized and sanctioned not only for having an abortion but also for having a miscarriage or delivering a still-born baby.
In France, at a smaller —— and yet no less important scale —— the city of Grenoble was punished for allowing Muslim women to wear burkinis (full coverage swimming suits) in public swimming pools. Not only was the mayor’s decision to make it legal reversed, but the city also lost its regional funding as a means to deter any public act of support for the participation of Muslim women in public life
On either side of the Atlantic, (mostly) white men continue to believe that they are uniquely competent to tell women what to do with their bodies. The underlying message, if you didn’t get it yet, is this: us, women, are not competent to make our own, informed, intelligent, reasoned choices. We are not capable of understanding the impact our choices can have on our lives, or how offensive they are to the people around us. Therefore we do not deserve to make those choices.
We are incompetent. We are incapable. We are undeserving.
Is it any surprise then that women, and especially racialized women, occupy so little space in spheres of power and influence?
I think not.
These bans are designed to make us understand that we have no right, no legitimacy, no power to make any decisions about ourselves, let alone about the rest of the world.
My mission has always been crystal clear to me. I’m here to reduce inequities; to make women, and especially racialized women, visibly successful. Emphasis on visible. Because I believe racialized women too are worthy of being seen and listened to, of being themselves entirely, of realizing their full potential and of doing so unapologetically.
A lot of the advice I’ve gotten since I started this project has been about how I should be careful not to sound too angry, too bitter, too vindictive. As if saying “hello, we too exist and have a voice and want to be heard and be seen” is already too much of a transgression. Not to mention how inelegant it is. After all, if you have to try so hard to get any attention, do you really deserve it?
I’ve also been told not to talk too much about power because it’s too ambivalent. And I get it. Power is what gives a bunch of conservative zealots the right to force women into pregnancy or out of their clothes. So I’ve been told to be more universal; to focus on how all women can learn to become more confident or more audacious so that they may finally access places of power. And I love it. Except for the part where no amount of confidence or audacity will change the fact that institutions are designed to keep us down, quiet and invisible.
So I am angry. I am bitter. And I am vindictive.
My mom always says “if we want to change things we have to take up space. We have to be everywhere.” So like water seeping through concrete, find every crack, every flaw, every tiny air hole that will help you make it through, and bring others with you.
I’m going the fashion route. The time for apolitical fashion is past, cremated and its ashes scattered at sea. As long as women’s bodies are politicized, fashion needs to be political. So that’s what I’m gonna do.
Still, it doesn’t mean every newsletter is going to be angry. I did promise 60% of fun after all.
Fire, set and march on! 🔥
With rage,
Soumïa
Coping strategies for the tired, the doubtful and the angry
You need to take a break from this BS? Here are 3 things that always get me back into gear.
📺 Are you wondering which Buffy episode will chear you up the most? Watch ‘Checkpoint’ (5x12). When a mysterious demon, Gloria, threatens to kill her sister, Buffy reaches out to the Council of Watchers for information. But instead of helping, which is their only reason for existing, they decide to put Buffy through a series of tests and question her capabilities, her choices and her methods. Sounds familiar? Long story short, you’ll live for the part where she understands that she has something that only she can give them, purpose, then proceeds to make a bunch of old englishmen shake in their boots. If that doesn’t inspire you to slay your own problems, move on to option
📕 The Gilded Ones, by Namina Forna is a fantastic feminist story of women reclaiming power. It starts when 16-year old Deka is deemed impure because her blood is not red, but gold. She’s killed and taken to the temple’s cellar, where her golden blood is collected by monks. When she comes back to life, — because she’s immortal— the monks repeat the process… nine times over. That’s until a “mysterious” woman shows up and gives her the “choice” to stay until the monks figure out how to kill her once and for all, or join the fight to defend the empire. In the events that ensue, Deka starts to realize that women like her are not impure but immensely powerful and therefore, feared. I can’t tell you how it ends because I haven’t finished, but I’m gonna enjoy every last sentence. Trigger warning though: it includes pretty descriptive scenes of violence and sexual violence. So if you’re in need of a lighter fix, there’s always option 3.
🎵 Doubt, by Mary J. Blige is my all time favorite song to get back on track. Doubting yourself is a waste of time, not to mention it’s other people’s jobs. Want something to doubt ? Doubt that you could never be a leader or that you have to settle down . 🎶 I can’t keep doubting myself anymoooooooore… 🎶 It pairs really well with Beyoncé’s Flawless.
Let me know what has helped you keep your head above board lately.
Scarlet Celebration
On June 29th, Aminata Touré became the first Black German to be appointed in the State cabinet. She was first elected as a regional deputy in the Schleswig-Holstein Parliament in 2017, at only 24, then became vice-president of that same parliament in 2019. Last week, she became the Minister of social affairs, youth, family, seniors, integration and equality.
I love that this woman is equally in love with where she was born — Germany — and where she comes from — Africa. As biracial or bicultural kids, we’re too often asked to choose, as if owning where you come from betrays where you are now, and vice-versa. Combine that to the fact that she’s a member of the Green party and advocates for “a society in which there is no need to give twice as much just because you're different in some way”… and I’m basically ready to pop the question. Aminata, will you mentor me?
I’m not a huge fan of injunctions, but you should pay attention to her because she represents the change we’re striving for: a future where state representatives look more like their constituents and less like the characters in a renaissance painting. Long live Aminata, and may she inspire many more underrepresented young women, and men, to reach for places of power. Ameen.
Leave a comment to let me know who’s making you find hope in the world.
Ton texte fait écho en moi !
J'ai envie de hurler à l'injustice mais on dira encore que je suis une hystérique ou que j'ai surement juste mes règles, que ça va passer... Parce qu'on m'a toujours dit comme à toi, de pas faire trop de bruit, de pas me plaindre, d'être gentille. Mais non ça ne peut pas/plus passer. On recule !
2022 et on perd encore des droits sur nos corps, les victimes sont les fautives et on nous dit encore comment nous habiller... Comment c'est possible ?
C'est brutal tu as raison.
Alors je suis aussi en colère, amère et revancharde.
J'ai hâte de voir les prochaines newsletter
Your words mean so much to me. You have so artfully articulated how I've been feeling about my anger, my rage...about how this onslaught of cutting women down has been making me feel so small, insignificant and hopeless. But you also managed somehow to cut through all that and truly make me feel hopeful for the first time since I heard the news about the Supreme Court decision. Your words have re-kindled my sense of purpose and made me re-connect with the power I do have, still have, will always have to stand up for myself and others who are being disenfranchised. Thank you <3 Onwards!